Le Parc et les crues

Le Parc et les crues

Les crues font partie intégrante de la vie du Parc. Focus sur le rôle capital du Parc dans la gestion des crues de la Seine.

Rive sud de l'étang de la Vieille Ferme pendant la crue de 2024 © Q.Perreau

 

Qu’est-ce qu’une crue ?

La crue est un phénomène naturel, elle correspond à une montée des eaux d’un cours d’eau due à de fortes précipitations. Lors de ces épisodes, toute l’eau tombée sur le bassin versant s’écoule vers un même cours d’eau et entraîne une augmentation du niveau d’eau et un accroissement du débit. Ce phénomène peut être aggravé par différentes causes, le plus souvent d’origine humaine comme l’imperméabilisation des sols, par exemple, qui limite fortement l’infiltration des eaux de pluie dans le sol.

Lorsque le lit mineur (lit du cours d’eau en conditions normales) n’est plus en capacité de contenir de forts écoulements, les flux débordent dans le lit majeur. Le lit majeur est considéré comme le lit maximum que peut occuper un cours d’eau lors de son débordement. Pour la Seine, les limites externes du lit majeur, ont été déterminées suite à la plus grande crue connue dans la région Ile-de-France, à savoir la crue de 1910.

 

                                                   

 

Au fil du temps, plusieurs dispositifs ont été mis en place pour contenir les crues :

  • Des cours d’eau ont été creusés ou rectifiés ;
  • Des zones agricoles ou naturelles ont été implantées, proche des berges, pour servir de zones d’expansion ;
  • Un Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI) a été institué en 1987 par l’Etat.

Grève alluviale hors période de crue (à gauche) et en période de crue (à droite) en 2021. © UFSBN

 

L’importance du Parc dans la gestion des crues

Parmi les nombreux services que rend le Parc, celui de tampon lors des épisodes de crue est capital. Le Parc départemental du Peuple de l’herbe est classé en ENS (espace naturel sensible). L’objectif des ENS est de préserver les milieux naturels, les paysages et la qualité des sites. Pour ce faire, les services rendus par les sites doivent être conservés et favorisés. C’est pourquoi le rôle de champs d’expansion des crues a été pris en compte tout au long de la réhabilitation du Parc afin d’adapter au mieux les aménagements. Ainsi, le projet du Parc a été soumis aux règles du Plan de Prévention du Risque d’Inondation (PPRI). Ce Plan soumet le développement, qu’il soit urbain ou industriel, à la prise en compte de différentes contraintes :

  • Le volume d’expansion des crues ;
  • La conservation de la libre circulation des eaux ;
  • Le maintien des écoulements.

Le Plan de Prévention du Risque d’Inondation procède également au découpage des zones en fonction d’un risque accru ou non des inondations. Au sein du Parc, 100 hectares sont situés en zone d’expansion des crues (zone bleue sur la carte). Les hectares restants (13ha) se répartissent entre les zones non inondables et en zone de grand écoulement pour la berge de Seine. Lors de la phase d’aménagement, une étude hydraulique a été réalisée afin de déterminer l’influence des mouvements de terre liés aux travaux de génie écologique. L’objectif était de ne pas altérer la zone d’expansion des crues.

                                                                                                                                                                        

Carte représentant la zone d'expansion des crues sur le Parc.

Le Parc absorbe la montée des eaux et protège les habitations. Pour ce faire, il accueille des milieux naturels particulièrement efficaces dans la gestion des crues : la prairie humide et le boisement alluvial. Ces deux milieux ont la capacité d’atténuer les débits d’eau importants qu’occasionne la crue. Les espèces végétales qui les composent font obstacle naturellement à l’écoulement de l’eau et donc ralentissent le courant. Cette résistance à l’écoulement est appelée « rugosité ». Cette diminution du débit va également ralentir les éléments en suspension dans l’eau et donc favoriser leur sédimentation. Le rôle de ces milieux ne s’arrête pas là. Les végétaux vont également favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol vers la nappe phréatique.

Le Parc constitue donc une réserve d’eau importante. En résumé, en ralentissant le débit et en favorisant le stockage d’une partie de l’eau, le Parc aide à limiter les dégâts causés en aval et à étaler le pic de crue dans le temps.

                                                

 

L’importance des crues pour les écosystèmes aquatiques

Les crues permettent de remettre en eaux des zones déconnectées des cours d’eau (zones marécageuses, bras morts) servant de zones de reproduction pour certaines espèces de poissons (par exemple : le brochet au Parc). Les crues ont une action mécanique sur la morphologie du cours d’eau car elles permettent de remettre en suspension le fond du lit. Dans le même temps, elles assurent une diversification des écosystèmes présents sur les berges.

 

L’historique des crues de la Seine

Tout au long de son histoire, la Seine a connu divers épisodes de crues, certains plus marquants que d’autres. Le premier, mentionné par les sources historiques, date du VIème siècle. D’autres furent notifiés par la suite, en raison des hauteurs exceptionnelles atteintes. En 1658, le fleuve a atteint une hauteur de plus de 8 mètres. En 1740, plus de 7 mètres d’excédents d’eau ont été rapportés. Néanmoins, la référence en termes de crue de la Seine (qui est aussi la référence des critères du PPRI) est la crue de 1910, surnommée la « crue centennale ». Plusieurs épisodes pluvieux s’étant succédés, le débordement est monté jusqu’à 8 mètres. Si elle n’a pas été meurtrière, elle a tout de même occasionné de nombreux dégâts matériels et économiques dans les départements de la Seine (actuellement Paris, Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne) et de la Seine-et-Oise (actuellement Yvelines, Essonnes et Val-d’Oise). Sur l’échelle hydrométrique du Pont d’Austerlitz, la crue a atteint 8,62 mètres de hauteur. La décrue s’est faite progressivement sur 35 jours.

               

A Carrières-sous-Poissy, les nombreux épisodes de crues de la Seine précédemment cités ont laissé des traces, plus ou moins visibles. Les crues de 1867, 1914 et 1968 ont plus particulièrement marqué la commune. De nombreux témoins historiques de leur passage se retrouvent sur les édifices aussi privés que publics. Traits de peinture, inscriptions gravées dans la pierre ou encore échelles graduées viennent préciser les hauteurs atteintes par les débordements de la Seine. Ces repères sont également utiles pour mesurer les crues à venir ou pour surveiller les différents paliers franchis par la Seine lorsqu’un épisode de crue est en cours. Au Parc, de grandes balises ont été installées à plusieurs endroits, afin de permettre aux promeneurs de visualiser les niveaux de référence. Les niveaux d’eau des principales crues historiques y sont inscrits, sous forme d'une ligne rouge pour permettre aux visiteurs de mieux visualiser l’ampleur de ces crues.

                                                                        

                                      
                        Balise indiquant les niveaux des crues de réferences, proche de la grève alluviale. © M.Bourhis

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